Entre le 4 mars et le 27 avril derniers, la Haute Ecole de la Province de Liège m’a fait l’honneur de m’inviter pour animer cinq ateliers consacrés à ma vision des ressources humaines. J’ai eu l’immense plaisir de présenter aux étudiants de première BAC en ressources humaines mon serious game au service de la cohésion sociale.

De ces rencontres et des multiples parties de Khaleǐdoscope® ont émergé quantité de bonnes pratiques que j’ai souhaité collationner. A la fois pour les redistribuer à ces futurs professionnels des RH, mais aussi à titre de pistes d’inspiration pour nos entreprises actuelles.

Et en parlant d’inspiration, vos futurs collègues n’en manquent pas ! Qu’il s’agisse de bienveillance, de courage ou encore de proactivité, les différents groupes de travail ont débordé de créativité pour rendre nos lieux de travail plus inclusifs et bienveillants au quotidien. Jugez par vous-mêmes.

Voici donc les pistes d’actions concrètes, formulées à la manière de brainstorming, rassemblées dans le cadre des exercices pratiques et regroupées ici en fonction du type de comportement dont elles sont les plus emblématiques, sans visée normative et indépendamment de l’importance de leur impact ou des moyens requis pour les mettre en œuvre. Un geste en apparence anodin pouvant souvent faire toute la différence.

La bienveillance (kindness)

Pour faire simple, elle s’incarne dans l’idée de souligner les succès plutôt que de sanctionner les échecs. Nous pouvons tous commettre des erreurs, mais nous pouvons tous retirer quelque chose de positif de toute expérience et apprendre. »

Très concrètement, faire preuve de bienveillance au quotidien, c’est aussi :

  • en cas de nouveau membre du personnel, prévoir un accueil du/de la nouveau.elle collègue au sein de l’entreprise et dans l’équipe par un.e employé.e afin de bien l’intégrer
  • réserver un bon accueil aux nouveaux, par exemple en organisant des team buildings ou des events
  • à l’issue d’une semaine de travail particulièrement productive, accorder un jour de congé, dans l’idée qu’il serait normal que les équipes soient temporairement moins productives après avoir fourni un tel effort
  • agir pour le bien de l’autre avant tout
  • organiser des activités en équipe ou entre membres du personnel
  • être avenant.e
  • manifester de la sympathie
  • en cas de problème, essayer de comprendre le point de vue de l’autre et trouver des solutions adéquates
  • instaurer des centres d’aide dans l’entreprise
  • témoigner son soutien
  • offrir quelque chose à une personne qui revient au travail après un décès
  • installer dans les escaliers une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite.
  • créer un espace de parole où l’on peut aborder des thématiques comme le harcèlement
  • accompagner les personnes peu importe les changements auxquels on est confronté
  • prendre soin des autres
  • faire attention aux autres
  • veiller à l’intégration des nouveaux, ne laisser personne sur le côté
  • prendre des nouvelles d’un.e collègue absent.e

L’humilité (humility)

C’est faire preuve de modestie et admettre que nous n’avons pas réponse à tout. Je crée un espace afin que les autres puissent apporter leur contribution. Si j’ai par exemple un collaborateur qui a besoin d’aménagements raisonnables, je peux reconnaître le cas échéant que je n’ai aucune idée de ce que cela peut impliquer mais que je vais me renseigner. » 

Très concrètement, faire preuve d’humilité au quotidien, c’est aussi :

  • en tant que responsable d’une équipe, si un.e collaborateur nous fait remarquer une erreur, admettre celle-ci et remercier
  • en tant que responsable d’une équipe, si l’on a une idée mais qu’on ne sait pas comment la mettre en œuvre, demander leur avis aux collaborateurs qui maîtrisent mieux le sujet
  • accepter ses torts et la réussite des autres (sans manifester de jalousie)
  • faire preuve de respect
  • reconnaître ses limites
  • faire preuve de modestie
  • savoir se remettre en question
  • avoir les pieds sur terre
  • écouter et accepter les critiques afin de s’améliorer
  • être reconnaissant.e
  • savoir prendre du recul par rapport à la situation qu’on vit
  • savoir ce qu’on vaut et ce que l’autre vaut également
  • être ouvert.e
  • être capable de ne pas réagir tout le temps
  • connaître l’étendue de ses capacités et savoir demander de l’aide de fonction de nos besoins

L’empathie (empathy)

Ce comportement invite à comprendre ce que les gens ressentent, à partager leurs émotions, à se mettre à leur place… Attention à bien vérifier qu’on est dans le bon, à ne pas (pré)supposer, en posant des questions sur ce que la personne ressent, sur ce qui la motive et ce dont elle a besoin. J’ai évoqué lors des workshops l’exemple de la collègue de retour de congé de maternité que l’on pourrait spontanément vouloir préserver en lui évitant toute tâche à responsabilité, le temps qu’elle reprenne ses marques. Alors qu’en fait, au contraire, cette collaboratrice éprouve justement le besoin de sentir qu’on lui fait confiance et qu’on la sait tout aussi capable qu’avant son repos de maternité.

Très concrètement, faire preuve d’empathie au quotidien, c’est aussi :

  • mettre en place un système de covoiturage
  • s’adapter aux contingences des autres membres du personnel (ex. congé de maternité)
  • accepter qu’un collaborateur prenne congé suite au décès de son animal de compagnie
  • essayer de comprendre l’autre pour lui trouver une solution ou le réconforter
  • être prévenant.e
  • organiser des réunions afin de bien comprendre le métier de l’autre (par le biais de jeux de rôles)
  • discuter avec les autres afin que chacun.e comprenne les ressentis des collègues
  • proposer son aide
  • se mettre à la place d’autrui, essayer de ressentir ses émotions
  • être à l’écoute
  • écouter les autres et les comprendre
  • se parler
  • manifester de la compassion
  • être solidaire
  • prévoir un département d’écoute pour les personnes en difficulté
  • prendre des décisions en fonction de la situation de l’autre
  • comprendre le ressenti de l’autre et l’accepter sans le juger

La responsabilisation (empowerment)

Ce comportement incite à assumer la responsabilité de ses actes. Si un collaborateur me dit qu’il a des soucis parce que son enfant est malade et qu’il doit régulièrement se rendre à des examens médicaux, je vois avec lui ce qu’il peut mettre en place pour clarifier la situation, par exemple via un congé parental, une réduction du temps de travail… dans l’idée qu’il faut en effet être correct par rapport aux autres membres du personnel.

Très concrètement, faire preuve de responsabilisation au quotidien, c’est aussi 

  • rappeler que tout le monde peut mettre sa pierre à l’édifice
  • souligner que nous avons tous des responsabilités qui contribuent au maintien de l’entreprise
  • avoir le courage de prendre des décisions
  • attribuer de nouvelles tâches pour permettre à la personne de s’investir
  • valoriser le travail d’autrui
  • prendre quelqu’un sous son aile (mentoring)
  • confier la réalisation d’un projet
  • amener l’autre à prendre conscience des choses
  • faire en sorte que l’autre mesure la portée de ses actes
  • amener l’autre à admettre ses erreurs et agir en conséquence
  • faire en sorte que l’autre assume ses responsabilités
  • témoigner sa confiance

L’équité (equity)

L’idée ici est de donner à chacun des opportunités égales, ce qui ne veut pas dire les mêmes. Si je décide par exemple d’offrir à toute l’équipe des cours de langue, je vais d’abord vérifier les besoins de chacun.e.

Très concrètement, faire preuve d’équité au quotidien, c’est aussi :

  • accorder les mêmes niveaux de responsabilités quel que soit le genre
  • accorder les mêmes salaires quel que soit le genre
  • montrer que tout le monde a sa place dans l’entreprise
  • partager
  • rechercher la satisfaction de chacun, une solution juste pour chacun.e
  • rechercher la justice
  • subvenir aux différents besoins de chacun.e, par exemple en termes d’aménagements raisonnables
  • tenir compte des différences de chacun
  • laisser de côté ses préjugés, ses stéréotypes, etc.
  • en tant que RH, on ne peut pas se permettre d’exclure les autres et de laisser les gens se sentir inférieurs.
  • savoir d’où vient le problème et trouver comment le régler en parlant aux personnes concernées.
  • donner la parole à tous et les encourager à parler.
  • en cas de conflit, comprendre les différentes parties et trouver une solution qui convienne à tous
  • prévoir un casier pour chaque nouvelle recrue au sein de l’entreprise
  • faire en sorte que les missions et tâches demandées soient accessibles aux hommes et aux femmes, aux plus âgés comme aux plus jeunes
  • prendre le temps de parler avec chacun.e
  • considérer le point de vue de chacun.e
  • si quelqu’un ne parle pas bien la langue parlée au sein de l’entreprise, lui proposer des cours de langue pour la mettre sur un pied d’égalité
  • donner les mêmes opportunités aux travailleurs lors des recrutements
  • favoriser l’apprentissage des différentes langues parlées par les membres du personnel
  • cerner les besoins de chacun.e et prendre en compte les inégalités
  • organiser des démonstrations de soutien, par exemple en proposant que tout le monde vienne un jour coiffé d’un foulard ou d’un bonnet en signe de soutien à un.e collègue en traitement contre le cancer.

La stimulation (stimulation)

C’est inciter les autres à grandir et à devenir une meilleure version d’eux-mêmes. J’ai par exemple remarqué qu’un de mes collègues a des difficultés à prendre la parole en réunion, mais il a de bonnes idées à faire passer. Je peux chercher avec lui s’il a envie de suivre une formation ou un atelier pour être plus assertif, ou encore l’aider à trouver comment il pourrait partager ses idées sans le mettre mal à l’aise.

Très concrètement, faire preuve de stimulation au quotidien, c’est aussi :

  • proposer des formations afin de permettre aux membres du personnel de progresser au sein de la société.
  • profiter des entretiens d’évaluation pour motiver les collaborateurs
  • récolter les idées des membres de l’équipe et montrer qu’on y accorde de l’importance, exploiter ces idées
  • développer la confiance en soi
  • faire en sorte que les collaborateurs aiment ce qu’ils font
  • donner envie d’apprendre et de se dépasser
  • donner des opportunités aux gens pour qu’ils se dépassent
  • encourager les personnes qui se sous-estiment
  • trouver des solutions pour aider la personne avec ses caractéristiques à elle
  • favoriser la participation de chacun.e
  • aider les autres à s’améliorer
  • être à côté de l’autre, le motiver, l’encourager
  • si quelqu’un se sous-estime, se mettre à sa place tout en le valorisant et en lui montrant à l’aide d’actes concrets pour l’aider
  • trouver des solutions adéquates pour chacun.e et proposer des formations. Ex. en cas de syndrome de l’imposteur, proposer à la personne d’effectuer un travail sur elle-même parce que les mots ne changeront rien.
  • valoriser
  • formuler des remarques constructives en vue d’une amélioration
  • mener des sondages
  • organiser des réunions
  • instaurer un bâton de parole en réunion afin d’amener chacun.e à prendre la parole
  • favoriser le progrès
  • encourager l’entraide et le fait de booster l’autre

Le courage (courage)

Cela revient à agir selon mes convictions et mes principes, même lorsque cela entraîne une prise de risque personnelle. Si j’entends par exemple une blague homophobe : ça ne me fait pas rire et je le signale. Idem s’il s’agit de mon banquier indélicat.

Très concrètement, faire preuve de courage au quotidien, c’est aussi :

  • assumer ses idées
  • avoir confiance en soi
  • avoir des convictions
  • prendre des initiatives
  • sortir de sa zone de confort
  • favoriser les projets de groupe
  • prendre des risques et soutenir la personne qui le ferait
  • montrer qu’on est là pour la personne
  • ne pas avoir peur des répercussions de ses actes
  • avoir le courage de mettre ses idées en application
  • ne pas lâcher prise
  • ne pas craindre la critique
  • oser dire ce qu’on pense pour défendre nos idées
  • faire circuler une pétition pour défendre un.e collègue
  • dire les choses clairement sans tourner autour du pot
  • taper du poing sur la table pour dénoncer ce qui ne va pas dans l’entreprise
  • oser intervenir en réunion si une personne a des propos qui vont à l’encontre de nos valeurs

La proactivité (proactivity)

Je n’attends pas qu’un problème arrive, j’anticipe. Comment font par exemple les personnes à mobilité réduite pour accéder à nos locaux ? Si j’identifie un potentiel souci, je vais voir le/la facility manager ou le/la responsable. Je n’attends pas un accident pour me demander comment faire.

Très concrètement, faire preuve de proactivité au quotidien, c’est aussi :

  • mettre en place des outils et une infrastructure pour les personnes malvoyantes ou malentendantes
  • installer une salle de repos avec des divans
  • organiser un brunch à intervalles réguliers avec une nourriture adaptée aux différents régimes de chacun.e (en tenant notamment compte des allergies éventuelles)
  • se renseigner auprès d’autres entreprises afin de prendre connaissance de bonnes pratiques en matière de diversité et d’inclusion, prendre des mesures et adapter la stratégie de l’entreprise
  • faire attention au bien-être
  • confier de nouvelles tâches (par exemple en cas de retour après un burn-out)
  • mettre en place des primes en lien avec l’inclusion
  • se tenir à jour des réformes en termes de droit du travail et des nouveautés technologiques
  • promouvoir la libre pensée et la communication
  • intégrer des séminaires pour être proactifs
  • prévoir des infrastructures suffisantes pour chacun.e (ex. suffisamment de place pour tous au restaurant d’entreprise)
  • anticiper l’accueil des stagiaires
  • réfléchir à la façon dont les stagiaires peuvent accéder aux locaux afin qu’ils ne doivent pas attendre à l’extérieur des bâtiments que des collègues leur ouvrent la porte (toute ressemblance… n’est probablement pas fortuite 😊)
  • ne pas hésiter à se creuser la tête, faire des propositions d’améliorations
  • être préventif/ve et prévoyant.e
  • investir dans une machine pour soulager les travailleurs qui portent des charges lourdes qui leur font mal au dos

La souplesse (versatility)

Nous sommes tous experts dans un certain domaine, ce qui ne veut pas dire que nous sommes les seuls à pouvoir accomplir certaines tâches. J’admets que d’autres soient aussi compétents, mais différemment, qu’ils fassent les choses autrement et que nous allons peut-être pouvoir échanger de bonnes pratiques et améliorer notre maîtrise commune du sujet. Autrement dit, je joue le jeu de l’intelligence collective.

Très concrètement, faire preuve de souplesse au quotidien, c’est aussi :

  • mettre en place des horaires flexibles selon les besoins des uns et des autres
  • s’adapter aux autres
  • ne pas être trop strict.e
  • ne pas être trop sélectif
  • discuter des délais et adapter la charge de travail des collaborateurs en fonction des circonstances
  • être ouvert.e aux propositions de changement ou d’amélioration
  • être conscient.e qu’il n’y a pas qu’une seule manière de faire
  • tenir compte des préférences des collaborateurs (par exemple en cas de demande de bureaux isolés ou partagés)
  • adapter les choses si des personnes ont des problèmes visibles ou non
  • s’adapter à la situation et trouver une solution adéquate pour chacun
  • après le burn-out d’un.e collègue, changer le fonctionnement de l’équipe afin qu’à son retour la personne ne retombe pas en burn-out. Trouver des tâches adaptées à la personne, changer le mode de travail, etc.
  • ne pas juger les autres
  • prendre en considération les habitudes et avis de chacun.e

Plusieurs observations me sont venues lors du dépouillement de toutes ces propositions. D’une part, si certaines de ces pistes ne sont pas nécessairement applicables compte tenu, notamment, de la législation du travail actuellement en vigueur ou de contraintes matérielles propres à l’une ou l’autre société, elles témoignent en tout cas d’un souci sincère de ramener l’humain au centre de nos préoccupations et des attentes, bien réelles, auxquelles nous serons de plus en plus amenés à répondre en tant qu’employeurs. D’autre part, certaines pistes peuvent sembler évidentes mais le simple fait qu’elles soient mentionnées ici prouve qu’elles ne sont pas encore forcément ancrées dans nos cultures d’entreprise. Dans le même ordre d’idée, j’ai naturellement synthétisé les doublons mais tenu à reproduire l’intégralité des propositions, même si certaines peuvent sembler redondantes au premier abord, afin justement de valoriser les spécificités de chaque piste évoquée. Précisons enfin que les participants à ces workshops sont encore au début de leur formation. Toutefois, une grande partie de leurs propositions montrent une perception très fine des défis à relever.

A tous les étudiants qui ont participé à ces workshops : j’ai conçu cet article de blog comme une synthèse de nos échanges. Je vous en souhaite bonne lecture et vous remercie très sincèrement pour votre investissement dans nos exercices pratiques. Vous avez clairement assimilé les 9 concepts du Khaleǐdoscope®. Il vous reste à les mettre en pratique dans vos emplois futurs. N’hésitez pas à vous référer à cet article au moindre besoin de piqûre de rappel.

J’allais presque oublier… bon blocus et déjà un excellent été à tous !

Vous aussi, vous voulez développer votre propre inventaire de bonnes pratiques inclusives directement adaptées à votre quotidien ? N’hésitez pas à prendre contact avec moi à info.inclusivegames@gmail.com

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