DE L’ART DE BRISER LA GLACE SANS JETER UN FROID !

 

Toute formation suppose un échange. Et tout échange nécessite un minimum de sécurité. Que les participants se connaissent déjà ou non, tout animateur ou formateur, quel qu’il soit, devra créer un climat de confiance, de respect et d’écoute. Pour que chacun.e se sente rapidement à l’aise et pour créer une ambiance propice à la collaboration et aux échanges.

 C’est la condition sine qua non en vue d’un apprentissage efficace. Si je suis sur la défensive, je me retiens et je me contiens. Je me ferme à tout apport de contenu. Il est donc impératif de rapidement « briser la glace ». D’où l’intérêt de ces fameux jeux appelés icebreakers qui permettent à chacun d’(un peu) mieux se connaître, de renforcer l’esprit d’équipe, d’installer la cohésion et de bénéficier de l’intelligence collective, à condition de respecter quelques principes de base. 

 

 

 

Cette activité initiale constitue un préliminaire et devra donc avoir une durée limitée, proportionnée à la durée totale de la formation. Privilégiez les règles intuitives, faciles à expliquer et à comprendre afin de mettre au plus vite l’accent sur le jeu en lui-même. Optez pour la simplicité. Ce n’est pas le moment de perdre vos joueurs.

L’embarras du choix

Le choix de l’icebreaker proprement dit a aussi toute son importance. D’une part, les participants sont de plus en plus habitués à ce mode d’entrée en matière. Ils risquent donc de ne pas être réceptifs à l’aspect ludique ou innovant du jeu si celui-ci n’est pas assez original ou s’ils ont précisément déjà participé à l’activité proposée. Pensons par exemple à ce jeu consistant à dire son nom et à y associer une caractéristique ou un adjectif commençant par la même lettre. C’est « tellement » original et amusant… Personne ne vous l’avait encore proposé tiens… Si tant est que les joueurs se prêtent au jeu, soit ils vous donneront la même réponse préformatée qu’ils utilisent chaque fois, soit, bien souvent, ils vous donneront l’association la moins embarrassante qui leur viendra en tête, soulagés d’avoir réussi à contribuer. Se sentiront-ils pour autant plus à l’aise ? Pas sûr…

D’autre part, l’icebreaker idéal variera selon le nombre de participants, leurs profils et la durée de votre workshop. Enfin, l’icebreaker doit cadrer avec le thème de la formation, sous peine d’être contre-productif. Dans le cas d’une formation en lien avec la diversité et l’inclusion (D&I), les participants ont toutes les chances d’être particulièrement sensibles à l’activité proposée.

 Le diable se cache dans les détails 

En effet, bien souvent, les icebreakers impliquent que les participants prennent des risques sociaux majeurs en révélant aux autres des traits sensibles de leur identité. De deux choses l’une, soit les participants partagent un certain degré d’intimité et seront lassés par la répétition d’informations qu’ils connaissent déjà. Soit les personnes en présence, qu’elles se connaissent ou non, n’ont encore jamais partagé ce genre de renseignements et ne le souhaitent pas nécessairement. Dans les deux cas, le formateur risque de se trouver face à un mur ou de générer un sentiment de malaise, ce qui n’était évidemment pas le but recherché.

Certains icebreakers requièrent des participants qu’ils partagent des données intéressantes et originales, afin que chacun.e puisse se faire rapidement une idée des personnes en présence. D’une part, ce genre d’exercice renforce les stéréotypes, d’autre part ces activités peuvent mettre les gens mal à l’aise, précisément parce qu’ils n’ont aucune envie d’afficher publiquement leur différence. Que vont-ils dès lors faire ? Balancer des banalités qui leur éviteront de se mettre en situation d’insécurité mais annihileront tout sentiment de partage ou élan créatif. Chacun restera sur sa réserve. Ce n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler « briser la glace ».

D’autres jeux de type « portrait chinois » demandent aux participants de répondre à des questions du type « Si vous étiez un animal, que seriez-vous ? ». À moins d’avoir des esprits particulièrement créatifs et extravertis, vous vous retrouverez avec une collection impressionnante de “chiens” et de “chats”. Peut-être un poisson rouge ou, soyons fous, une tortue!  Sauf, évidemment, si, dans un accès de subtilité, vous interdisez la répétition d’une même réponse… ce qui va seulement avoir pour effet de soulager les premiers répondants et de mettre dans l’embarras les suivants. Dans tous les cas, vous passerez à côté de votre objectif. Pas de réel échange, pas de cohésion.

Mais que faire alors?

Mais que faire alors ? Revenir à l’objectif de base. Que cherchez-vous à atteindre ? Avez-vous besoin de connaitre des détails de la vie privée des participants ? Évidemment que non. Vous voulez simplement créer un esprit d’équipe le temps d’un workshop. Il faut donc parvenir à fédérer le groupe autour d’une activité commune qui soit à la fois brève et amusante.

Je vous propose ici de parcourir ensemble un éventail de jeux pouvant introduire un atelier inclusif. J’en présente les caractéristiques techniques, le déroulement ainsi que les bénéfices.

J’apporte une lettre pour…

Matériel : Des chaises, autant que de participants moins une et une grande enveloppe.
Durée : 5-10 minutes
Taille du groupe : 20-30 pers.

Objectif/résultat : fédérer rapidement le groupe. Cette activité, non intrusive, permet aux participants de se trouver des points communs.
Déroulement :
1. Disposez les chaises en cercle.
2. Demandez aux participants de s’asseoir et, à celui qui n’a pas de chaise, de se tenir au milieu.
3. Demandez à la personne au centre de dire quelque chose comme : «J’apporte une lettre à… ceux qui portent des lunettes (… ont pris une douche ce matin ; portent des pantalons ; ont une montre à leur poignet ; ou toute autre chose, selon l’imagination de la personne).
4. Tous ceux qui portent des lunettes doivent alors changer de chaise, tandis que la personne au centre essaie d’en profiter pour s’asseoir.
5. Demandez alors à la personne qui se retrouve au centre «d’apporter la prochaine lettre».
6. Arrêtez le jeu au bout de 5-10 minutes, lorsque tous les participants ont eu l’occasion d’apporter une lettre et de changer de place.

 Bingo humain (trouve quelqu’un qui…) 

Durée: 20-30 minutes
Taille du groupe: 8 pers. et plus

Objectif/résultat : Cette activité permet aux participants de faire connaissance autour d’informations relativement neutres.

Matériel : Un crayon et une copie du questionnaire (adaptable) ci-dessous par personne.
Déroulement : Trouvez quelqu’un dans le groupe qui répond positivement à la question : « Êtes-vous quelqu’un qui… »
· a récemment repeint ou décoré sa maison?
· aime faire la cuisine?
· a voyagé dans un pays d’Asie/d’Afrique/d’Europe/d’Amérique du Nord/du Sud/…?
· partage sa maison avec d’autres personnes?
· lit un journal régulièrement?
· confectionne ses propres vêtements?
· aime le football?
· possède des animaux?
· sait jouer d’un instrument de musique?
· sait un peu parler l’espagnol/le chinois/…?
· a voyagé hors de l’Europe et des Amériques?
· habite près de chez vous?
· déteste faire du shopping?
· aime la cuisine indienne?
· a un chat?
· boit du café le matin?
· a deux frères?
· est né(e) en mars?
(Essayez de mettre un nom différent dans chaque case)
Déroulement : Expliquez que l’objectif consiste, pour chacun, à interroger les autres membres du groupe de façon à trouver une caractéristique propre à chacune et à écrire leurs noms dans les cases.

Variante : Si vous voulez initier une réflexion sur la différence et les stéréotypes, vous pouvez poursuivre par une brève discussion sur ce que les participants ont trouvé. Commencez par leur demander s’ils ont apprécié l’exercice. Puis, abordez la diversité des compétences et des intérêts au sein du groupe et les influences culturelles qui se dégagent des réponses données.

 

Le réseau social humain


Durée: 10 à 20 minutes
Taille du groupe: 5 à 15 participants

Objectif/résultat : Créer des liens, installer un climat collaboratif. Le message à transmettre en fin d’exercice est intéressant : nous sommes tous liés les uns aux autres.

Matériel : Une pelote de laine

Déroulement: Pour jouer cet icebreaker, prenez une pelote de ficelle et placez les participants en cercle. A tour de rôle, chacun va interroger la personne de son choix (film préféré, plat favori, etc.) et lui lancer la pelote de laine, tout en gardant le bout de la ficelle. Le participant avec la pelote dans les mains répond à la question et recommence. On continue jusqu’à ce que tous les participants soient reliés entre eux avec la ficelle.

Qui a fait quoi ?

Durée: 15-20 minutes

Taille : 15 pers. max.

Objectif/résultat : Cette activité permet aux participants de faire mieux connaissance mais requiert davantage d’investissement personnel de la part de chacun.e. À préciser explicitement d’emblée. Un bon outil d’entrée en matière pour aborder les stéréotypes et les biais inconscients.

Matériel : Autant de morceaux de papier que de participants.
Déroulement : Chaque participant doit écrire sur un papier une phrase commençant par : « Un jour, j’ai… ». Précisez d’emblée le déroulement du jeu et à quoi serviront les informations données. L’idée est de partager des renseignements amusants, insolites ou surprenants mais jamais de se mettre en insécurité par rapport aux autres. Les papiers sont mélangés puis tirés les uns après les autres. Le jeu consiste à deviner collectivement à qui appartient chaque papier.

3 vérités et 1 mensonge

Durée : 20 à 30 minutes
Taille : 5 à 10 pers.
Objectif/résultat : Cette activité permet aux participants d’apprendre à mieux se connaître et s’apprécier en découvrant ce qu’ils ont en communs ou en fonction des expériences uniques des uns et des autres, de faciliter l’écoute et l’échange entre les participants.
Matériel : Néant
Déroulement : Expliquez aux participants qu’ils vont devoir se présenter en partageant 3 expériences vécues ou faites sur eux-mêmes, dont 2 vérités et 1 mensonge. Demandez à un participant d’annoncer ses 3 expérience au groupe, la personne qui trouve le mensonge présente à son tour ses 3 expériences ou faits sur elle-même. Répétez l’exercice jusqu’à ce que tous les participants se soient exprimés.

 

Crache ta Valda


Durée: 30 à 45 minutes

Taille : 8 à 20 pers.
Objectif/résultat : Cet icebreaker permet aux participants de se libérer de certains « poids » et de développer l’écoute et l’empathie des autres membres du groupe. Pour s’exprimer sur des sujets sensibles, pour favoriser la communication. Un bon échauffement à l’empathie avant d’entamer un atelier collaboratif et créatif !

Matériel : Des post-it et un paperboard
Déroulement : Distribuez un nombre limité de post-it aux participants (chaque personne reçoit le même nombre). Demandez à chaque personne d’inscrire les éléments qui le dérangent ou le préoccupent concernant le sujet lancé, ce sont ses “valdas”. 1 post-it = 1 idée. Les participants accrochent ensuite leurs valdas (1 post-it = 1 valda) sur l’arbre de la Valda (paperboard avec un arbre dessiné). Enfin, les participants décrochent à tour de rôle une valda qui n’est pas la leur et la présentent en commençant par “je” ou “pour moi” afin de se mettre à la place du participant qui a déposé cette valda.

 

La balle magique

Durée : 10 minutes.

Taille : 8 pers. max.

Objectif/résultat : Cette activité permet d’introduire un contenu, résumer un contenu, évaluer une activité, favoriser la participation de tous.
Matériel : Une balle.
Déroulement : Choisissez un thème (choses associées à un thème, vacances, le contenu d’une formation…) et faites passer la balle. Quand une personne attrape la balle, elle annonce quelque chose qui a un rapport avec le thème choisi, puis passe la balle à une autre personne. Recommencez jusqu’à ce que tout le monde ait eu l’opportunité de parler.

Variations de type debriefing : Quand on reçoit la balle, chaque personne dit le thème ou sujet abordé lors de la formation qui a été le plus important pour elle.
La personne cite un sujet ou une procédure ou un concept quand elle a attrapé la balle. Le formateur l’écrit sur un tableau.

Toutes ces activités ont en commun qu’elles détendent l’atmosphère et mettent les participants à l’aise. Quoi que vous choisissiez de faire, le plus important est que chacun.e retrouvent son âme d’enfant ! Les participants se sentiront ainsi en confiance et à leur place, au sein du groupe. Ils seront ainsi prêts à collaborer et tireront le plus grand fruit de votre formation.

Et vous ? Quels sont vos icebreakers préférés ? N’hésitez pas à partager vos bonnes pratiques. C’est en mettant nos idées en commun que, peu à peu, nous rendrons le monde plus inclusif.

 

Sources :

https://www.emydigital.fr/20-icebreaker-animation-ateliers/

http://www.cedip.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/repertoire_dactivites_brise-glace_cle0a2d4a.pdf

https://www.reseau-alpha.org/upload/files/Tous%20differents_Tous%20egaux_Kit%20pedagogique.pdf

https://discri.be/wp-content/uploads/Fiche-de-présentation-Icebreakers-Creative-Commons.pdf