Le 8 mars est devenu pour moi depuis bientôt 7 ans une journée pleine de sens. Une journée de revendications. Une journée de bilan. Une journée anniversaire. L’occasion de marquer l’événement et de revenir sur l’année écoulée, et sur un épisode en particulier.

En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, je pourrais publier une photo de moi #tropfière prise lors du workshop que j’ai eu l’honneur d’animer ce matin pour une grande compagnie d’assurances. Certes. Mais, plus que de la fierté, j’en retiens surtout le plaisir de faire découvrir un outil et de partager une grille de lecture inclusive à laquelle je crois. Le bonheur de ressentir l’enthousiasme des participants. La satisfaction de la mission accomplie. Exit donc l’autoglorification. Très peu pour moi. Je pourrais recenser les chiffres, statistiques et autres cartographies glanés sur la toile. Soyons honnêtes, vous les trouverez aussi bien que moi : les cabinets d’analyse et les grandes enseignes se feront un plaisir de les partager. Je pourrais donc me reposer sur mes lauriers et profiter de ma soirée. Effectivement. Mais le 8 mars est devenu pour moi depuis bientôt 7 ans une journée pleine de sens. Une journée de revendications. Une journée de bilan. Une journée anniversaire.

Et les anniversaires, ça se fête ! Pour célébrer le 8 mars, je reviens aujourd’hui sur une partie de Khaleǐdoscope® que j’ai eu le plaisir d’encadrer récemment. Je plante le décor. Nous sommes en plein workshop, dans la phase de jeu proprement dite. Une participante tire la carte de situation. « Vous me proposez une promotion. Je la refuse. Je suis enceinte, vous comprenez ? ». Cette carte-là. De tout le jeu, certainement celle qui a la plus forte connotation personnelle pour moi. Car sans une certaine maternité et une certaine injustice, je n’aurais jamais repris des études en management RH, jamais consacré mon mémoire au leadership inclusif et encore moins imaginé un jeu pour promouvoir la diversité et l’inclusion.

 La participante pourrait choisir de remettre la carte dans la pioche, mais elle décide de lire la carte à voix haute afin que les autres personnes à sa table y réagissent à l’aide des comportements qu’elles ont en main. L’idée est que chacun.e ait la possibilité d’utiliser un des 9 comportements du leadership inclusif (bienveillance, humilité, empathie, responsabilisation, équité, stimulation, courage, proactivité ou souplesse) et explique concrètement ce qu’iel ferait dans la pratique afin que la participante se sente le plus incluse. 

 Je reste à proximité de la partie. Comme chaque fois que j’ai la chance d’assister à la résolution de cette carte bien précise. Parce que cette situation me touche personnellement, mais aussi parce que je sais combien sa résolution est complexe. Chaque carte de situation de Khaleǐdoscope® demande un effort d’analyse, d’empathie et d’imagination. Celle-ci exige en outre énormément de discernement et de tact.

 Un premier joueur tente la carte de l’empathie et félicite la future maman. Lui assure son soutien et sa parfaite compréhension de la situation. Une autre embraye avec l’équité et promet que d’autres opportunités se présenteront. Les participants se veulent profondément bienveillants et respectueux du choix apparent de la joueuse.

 La « future maman » écoute et joue le jeu. Elle ne dévoile rien de son ressenti. À mon avis, nous tenons une championne de poker.

 C’est alors que Sophie[1] entre en scène. Pendant toutes les interventions des autres, je vois ses yeux sortir de leurs orbites. Elle nous lance à la future maman et à moi des regards de plus en plus insistants. Comment est-ce que je peux laisser passer ces répliques ? Ne suis-je pas là pour recadrer les discours ? Non. Je suis là pour répondre aux questions, conseiller à la demande et faire respecter les règles de base telles que le non-jugement et le respect de chacun.e. J’interviendrai effectivement en cas de propos discriminatoires. Ce n’est pas le cas ici. Les participants proposent effectivement une lecture de la situation volontairement respectueuse du choix de leur « collègue ».

 Notre héroïne en devenir est estomaquée. Elle en viendrait presque à se demander si elle a bien compris les règles du jeu voire l’objectif du workshop. Je reste aussi impassible que possible. Pour ceux qui me connaissent et ont déjà expérimenté mon langage non verbal, on frôle l’exploit.

 Vient enfin le tour de Sophie. Hésitante devant tant de discours homogènes, mais convaincue de la justesse de sa position, elle choisit de jouer la souplesse, à moins que ce ne soit la stimulation voire carrément la responsabilisation. Avec un tact dont elle dira après n’avoir jamais eu conscience, elle insiste sur le fait qu’elle respecte le choix de sa « collègue », mais se permet de remettre en question les fondements qui ont amené cette dame à prendre la décision de renoncer à une promotion pour cause de maternité. La future maman a-t-elle bien pesé le pour et le contre et base-t-elle sa réflexion sur des éléments factuels ou sur une certaine vision biaisée de la situation ?

 Notre héroïne évoque la possibilité d’aménager les horaires de travail pendant la grossesse et après la naissance de l’enfant, elle revient sur le cadre légal qui prévoit la protection de la maternité. Elle insiste sur le droit de la travailleuse de se rendre aux rendez-vous médicaux, y compris sur le temps de travail si nécessaire. Elle rappelle la possibilité d’aménager une salle d’allaitement et évoque, tant qu’à faire, l’intention de l’entreprise de s’associer à une crèche accessible aux enfants des membres du personnel.

 En ce 8 mars, je trouve important de signaler que, de table en table, j’entends encore majoritairement des participant.e.s se contenter de féliciter leurs collègues pour l’heureux événement sans oser s’interroger sur leurs choix. Heureusement, il se trouve chaque fois bien une voix courageuse, masculine ou féminine, pour s’élever au-dessus de la mêlée et rappeler que l’on peut être mère ET faire carrière.

 Du fond du cœur, merci à vous. Votre empowerment me va droit au cœur et me porte. C’est pour des interventions telles que les vôtres que j’ai développé Khaleǐdoscope®. Comme le dit Simon Sinek, les leaders sont ceux qui ont le courage d’ouvrir la voie pour que d’autres les suivent.

 Photo de Joshua Reddekopp sur Unsplash

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Prénom d’emprunt.