Ca y est, les vacances sont bel et bien terminées, les cours ont repris. Les enfants, ados et autres étudiants ont retrouvé leurs camarades. D’autres font connaissance avec un nouvel établissement, de nouvelles têtes. Certain.e.s se sont vu.e.s pendant l’été, d’autres ont fait un break, volontaire ou non. Certain.e.s sont parti.e.s, d’autres sont restés. Certain.e.s ont mille et une chose à raconter, d’autres beaucoup moins. Mais une chose est sûre, tous ces microcosmes se reconstitueront, avec, bien souvent, leur lot de comportements toxiques et harcelants.

Le harcèlement, un phénomène cyclique

Le harcèlement suit en effet toujours le même scénario[1] : dès l’instant où des êtres humains sont contraints de rester ensemble, ils vont reproduire toute une série de mécanismes d’interactions sociales.

Les saisons du harcèlement

À l’école, les différents protagonistes vont insidieusement passer de leuphorie communautaire, ou basse saison du harcèlement, où l’on se réjouit de se (re)voir, de se (re)trouver, à une période de déspesoir, à savoir lahaute saison du harcèlement, où des enfants se sentent exclus du groupe et ne savent plus comment y retrouver leur place. Entre ces deux extrêmes, le climat au sein du groupe classe va se détériorer, toujours selon le même schéma : vers la mi-octobre, les enfants se mettent à colporter des bruits de couloir, à se dénigrer les uns les autres, des sous-groupes se forment, des phénomènes d’exlusion apparaissent, certain.e.s se sentent mis.e.s à part, rejeté.e.s., c’est lamoyenne saison du harcèlement. En fin d’année, tout rentrera dans l’ordre. Vers la mi-mai, le climat général de la classe va s’améliorer, les inimitiés s’atténuer.

En soi, ce retour au beau fixe soulage et rassure. On se dit que ce n’était qu’une mauvaise passe, que les choses finissent toujours bien par s’arranger. Pas vraiment. Le même scénario se reproduira l’année suivante. À moins de mettre en place dès la rentrée une nouvelle approche des interactions.

Une nouvelle approche des interactions

Dès les premières semaines de la rentrée, l’idéal consiste donc à travailler la cohésion au sein de la classe et de renforcer les liens. Cela peut se faire à l’aide d’animation de groupe ou d’activités de fond comme l’apprentissage des comportements inclusifs clés à l’aide de l’outil Khaleǐdoscope®. Outre son aspect ludique, celui-ci présente l’avantage de pouvoir se transmettre entre élèves, les enfants pouvant s’expliquer les mécanismes d’une classe à l’autre, d’un degré à l’autre, avec potentiellement la mise en place d’une structure de parrainage au sein de l’établissement. À partir du moment où les concepts d’inclusion sont acquis en début d’année, on peut y faire référence à tout moment. Il sera alors aisé de choisir les mises en situation à aborder pour résoudre un cas précis, en tenant compte des acteurs en présence et de la réalité du terrain.

Ce qui m’amène à l’autre atout de Khaleǐdoscope® : cet outil ne propose pas de solution clé sur porte mais permet à tous les participants d’élaborer ensemble la réponse qui leur conviendra. En effet, « il faut (…) qu’on demande à l’élève en situation de détresse émotionnelle ce qu’on peut faire pour l’aider et c’est à ce moment précis que se mélangent merveilleusement intelligence émotionnelle et intelligence collective. ».

Et au bureau ?

Le harcèlement est également un phénomène cyclique dans le contexte professionnel. On y retrouve l’euphorie des premiers jours, aussiappeléslune de miel,où l’on se réjouit de se rencontrer, de faire connaissance, de faire partie d’une nouvelle équipe, puis une forme de phase moyenne du harcèlement où les quolibets commencent à circuler, le climat devient délétère, et enfin une forme de phase haute du harcèlement où la personne harcelée sombre dans le désespoir et ne sait plus où trouver de l’aide. Les périodes de congé peuvent permettre aux un.e.s et aux autres de prendre du recul ou de se ressourcer, mais aussi favoriser une surcharge de travail pour ceux et celles qui restent, avec un risque accru de pression et… de harcèlement. À la différence de ce qui se passe dans l’environnement scolaire toutefois, les cycles de harcèlement ne connaissent pas vraiment de saison. Les phases se répètent, inlassablement, la tension augmentant au fur et à mesure, le plus souvent jusqu’au départ de l’un.e des protagonistes, à la suite d’une mutation ou d’un burn-out.

Que faire alors ?

Avant tout de la prévention et de la sensibilisation. On ne le dira jamais assez, pour éprouver de l’empathie et pouvoir me mettre à la place de l’autre, il faut que je me sente concernée de près ou de loin par le sort cette personne. Sinon, c’est l’effet cockpit assuré. Si je n’ai pas conscience de ce que d’autres peuvent endurer, par ma faute ou non, je ne vais pas m’en soucier.

Ces actions de prévention et de la sensibilisation devront en outre être menées sur une base régulière. Vouloir mener une politique d’inclusion implique un travail de chaque instant. Organiser une animation pour pouvoir ensuite cocher une case dans une liste de chose à faire n’a aucun sens. Non, il faut en permanence veiller à la culture de son établissement et la rappeler de manière concrète à l’ensemble des personnes concernées.

D’où l’importance, dès la rentrée des classes dans un contexte scolaire et sur une base périodique en contexte professionnel, surtout si les rotations de personnel sont fréquentes, d’anticiper ces phénomènes d’exclusion voire de harcèlement. En soudant l’ensemble des membres du groupe, qu’il s’agisse d’une classe ou d’une équipe, je sape d’emblée les comportements anxiogènes voire toxiques.

Enfin, si le travail de sensibilisation est utile, afin que chacun.e ait bien en tête les scénarios à éviter, celui-ci doit justement s’accompagner d’actions concrètes. Il ne suffit pas d’alerter sur les dérives observées ailleurs ou dans son établissement, il faut y chercher des solutions, collectivement, et les mettre en place sans attendre. Il ne faudrait pas que certain.e.s détournent ces initiatives bienveillantes pour y puiser leur inspiration ou en retirent une quelconque glorification de leurs méfaits.

C’est bien dans cette optique que j’ai conçu et développé Khaleǐdoscope®. Plus qu’une campagne de sensibilisation, un outil de ludopédagogie pour pratiquer l’inclusion, éviter les situations de harcèlement et développer collectivement des solutions concrètes adaptées à chaque environnement.

Photo by zero take on Unsplash


[1] https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_le-harcelement-scolaire-quelles-solutions?id=9553735